Marjorie Sarrade

Directrice et enseignante de l’école

Marjorie Sarrade

Je suis professeure des écoles depuis 2015. Cette profession, je voulais l’exercer depuis ma plus tendre enfance. Mon orientation suite à l’obtention de mon baccalauréat s’est donc de suite tournée vers les métiers de l’enseignement et la psychologie de l’enfant. Je suis titulaire d’une licence de psychologie avec la spécialité « Métiers de l’enseignement », ainsi que d’un master MEEF « Métiers de l’Enseignement, de l’Éducation et de la Formation ». Les postes que j’occupais parallèlement à ces années d’études, étaient aussi orientés vers les enfants. En effet, j’ai travaillé en tant qu’animatrice en centre de loisirs, aide pour les devoirs dans une école primaire, surveillante en collège et lycée, et AESH (Accompagnante d’Élèves en Situation de Handicap).

L’obtention du CRPE (Concours de Recrutement de Professeurs des Écoles) et ces sept années de professorat furent donc l’aboutissement d’un rêve professionnel.

Sept années au cours desquelles j’ai beaucoup appris aux côtés des enfants, des parents, des élus, de collègues, de formateurs, de professionnels paramédicaux (éducateurs spécialisés, psychologues scolaires, psychomotriciens, orthophonistes…). Mais sept années, au cours desquelles, je me suis souvent interrogée à propos de la réussite scolaire, du bien-être à l’école, et de mon enseignement. Sept années, qui ont aussi fait écho à mon propre vécu scolaire. Pourquoi autant d’élèves sont en difficultés et malheureux à l’école ? Pourquoi suis-je devenue enseignante alors que je n’aimais pas particulièrement l’école ?

N’ayant ni de réponse ni de solution, je me suis tournée vers des pédagogies dites innovantes tout en fouillant dans mon propre vécu d’élève. Aujourd’hui, avec mon regard et recul d’adulte, je peux dire que mon parcours scolaire n’était pas si fluide. Extérieurement, il parait tout à fait classique et sans embûche. Intérieurement, j’étais une élève timide, peu confiante en elle, scolaire et désireuse de réussir, mais très angoissée à l’idée d’échouer. J’avais peur d’aller à l’école et j’étais frustrée de ne pas suffisamment bouger, de ne pas comprendre les apprentissages trop abstraits, de ne pas avoir le temps d’apprendre ni de faire mon travail. En soulevant ce passé et en constatant qu’aujourd’hui encore, des enfants peuvent vivre cela, j’ai souhaité me former.

C’est une première formation découverte, durant mes vacances d’été 2017, dans une école Montessori, qui a été une révélation. J’y ai découvert une pédagogie adaptée au rythme de chacun. Une pédagogie permettant des déplacements des enfants dans la classe ; une pédagogie où les notions sont concrètes et manipulables grâce à un magnifique matériel en bois permettant de toucher du bout des doigts les concepts ; une pédagogie où l’enfant est acteur de ses apprentissages en se laissant attirer naturellement vers les activités qui le font progresser. J’ai pu échanger avec des enseignants moins stressés, moins épuisés, plus heureux et plus disponibles pour leurs élèves sur les temps de classe. J’ai appliqué tout ce que je venais de découvrir dès la rentrée qui a suivi. L’engouement des enfants et de moi-même m’ont donné envie d’aller plus loin.

J’ai ainsi suivi une formation Montessori qualifiante, alternant théorie et pratique, durant une année scolaire entière. Lors de mes divers stages, un même point édifiant m’apparaissait à chaque fois : « la vie » semblait être plus présente dans ces classes. Les enfants étaient au travail mais avec un rythme plus harmonieux, plus respectueux de ce que physiquement et intellectuellement l’enfant, et même l’adulte, sont capables d’engranger sans s’épuiser. Apprendre tout en s’octroyant une pause lecture, relaxation, discussion avec un camarade, un déplacement. S’occuper de la classe, du rangement, des plantes, de soi, des autres, préparer un petit encas pour le reste de la classe. La vie était quotidiennement au service des apprentissages. Et ces derniers ne s’en retrouvaient pas affectés, bien au contraire. Conjointement, j’assistais à des conférences sur les avancées en matière d’éducation, sur l’apport des neurosciences, sur des pédagogies alternatives autres que Montessori. Tout corroborait et me confortait dans ma volonté de procéder autrement.

À l’issue de cette formation, je revenais extrêmement motivée afin de faire rentrer cette vie dans ma classe. Pari réussi et même dépassé au contact d’un collègue qui m’a permis d’aller plus loin encore. Ma vision s’en est trouvée enrichie de part un travail approfondi sur les émotions, sur la vie en collectivité et la résolution des conflits entre pairs, le tout porté par des concepts empruntés à la discipline positive. Une éducation avec bienveillance mais fermeté, où la discussion est omniprésente afin de pouvoir partager ses émotions pour se comprendre mutuellement, pour coopérer, être bien et donc pouvoir apprendre.

Arrivée à ce stade de ma carrière, il m’était impossible de revenir en arrière. Retrouver un tel poste était complexe. Le désir de travailler à proximité de mon domicile, voire même de travailler à mon domicile parce qu’il y fait bon vivre, parce qu’un tel lieu se partage, grandissait. Le désir d’appliquer tout ce que je venais de découvrir dans une totale liberté prenait aussi de plus en plus de place dans mon esprit. C’est ainsi que le projet a muri et existe aujourd’hui. Je ne prétends toujours pas avoir la solution miracle ni les réponses à toutes les particularités mais j’ai à cœur d’offrir une école où il est possible de découvrir et d’incarner qui on est. Ce qu’on aime, ce qui nous déplait. Connaitre son propre rythme, ses forces et ses faiblesses, les accepter, les montrer, et les utiliser à bon escient, à chaque instant, face à soi-même, face aux autres. Tout cela, dans le but d’être heureux et de trouver sa voie plus tard. Chacun d’entre nous a sa place dans cette société, il suffit de la trouver. Cette quête, je souhaite l’amorcer en accompagnant chaque enfant dans son individualité au sein d’une ambiance rigoureuse, cadrée, studieuse. Mais aussi vivante, agréable, conviviale, joyeuse, douce, et respectueuse de chacun.

Cet accompagnement, je le fais conjointement avec une assistante maternelle. Elle est présente toute la journée sur tous les temps scolaires et périscolaires afin de m’aider au quotidien pour garantir au mieux la sécurité physique et affective des enfants, l’hygiène et la surveillance. Elle participe également à la préparation et à l’animation de nombreuses activités (peinture, jeux, cuisine …).